AScA s’investit sur l’hydromorphologie : Publication de deux guides sur la restauration hydromorphologique des cours d’eau

La restauration hydromorphologique nécessite de penser autrement les rivières. Il s’agit désormais de leur rendre un certain degré d’autonomie dans la perspective de bénéficier de meilleures fonctionnalités. Ce fonctionnement plus libre de la rivière doit aboutir à une meilleure qualité écologique et biologique du cours d’eau. La restauration physique s’avère donc être un levier incontournable dans l’atteinte du bon état écologique des eaux ou du bon potentiel exigé par la Directive cadre sur l’eau (DCE), notamment là où les solutions classiques ne suffisent pas. À l’instar de ce qui est porté par le Millennium Ecosystem Assessment, il convient de valoriser les qualités écosystémiques, paysagères et culturelles des cours d’eau. Cette philosophie nouvelle impacte les politiques publiques et suscite une petite révolution dans le monde des gestionnaires de l’eau et de la nature.

AScA s’intéresse depuis plusieurs années à la restauration hydromorphologique des cours d’eau. Les actions envisagées consistent à redonner aux rivières une liberté en effaçant des seuils, en abaissant des clapets, en reconnectant les cours d’eau avec leurs bras morts, en reméandrant les rivières recalibrées, etc.

Travailler sur l’hydromorphologie implique de ne pas s’arrêter aux seules dimensions techniques mais d’avoir une vision plus globale de la rivière, de ses usages et de ses fonctionnalités ce qui revient à redéfinir sa place et son rôle dans le territoire. Cela nécessite alors le rassemblement des forces de proposition et donc le ralliement d’acteurs susceptibles de s’appuyer sur ces milieux, sur ce cadre de vie « restauré », pour de nouvelles opportunités pour le territoire.

Dès 2007, AScA a participé au Groupe d’Accompagnement à la Restauration Physique (GARP) des personnels de l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée et Corse, en collaboration avec des bureaux d’études techniques (Ginger, Ledoux consultant et Sogreah). Ce groupe a permis de renforcer les capacités d’expertise de l’Agence sur l’hydromorphologie et de proposer des outils pour faciliter la mise en œuvre de ces opérations.

Les enseignements issus de l’accompagnement de sept territoires et du GARP ont permis d’élaborer le guide Restauration hydromorphologique et territoires, Concevoir pour négocier. Outil préalable à l’engagement dans une concertation, ce guide propose une démarche pour définir les objectifs locaux de restauration physique conformes au SDAGE, les traduire de telle sorte qu’ils aient du sens pour le territoire et ses acteurs, et concevoir une argumentation pour convaincre de leur intérêt. Le parti pris est donc d’inscrire d’emblée la conception d’un projet de restauration physique dans une visée stratégique. Ce guide propose aux techniciens des repères concernant les sujets à aborder et il fournit des éléments de méthode pour être force de proposition et être ainsi en mesure de susciter des initiatives concertées en matière de restauration physique des cours d’eau.

Il insiste sur le fait qu’il est absolument nécessaire de bien concevoir en amont les projets de restauration physique en identifiant l’ambition à la hauteur de l’atteinte du bon état du cours d’eau et les conditions nécessaires à sa réalisation. Cette définition claire du projet doit permettre de négocier, dans un deuxième temps, avec les différents acteurs du territoire, la concrétisation d’un projet ambitieux, cohérent avec les objectifs écologiques.

Le projet de restauration conçu, il est alors nécessaire d’emporter l’adhésion des riverains. C’était là tout l’enjeu de la commande de l’Agence de l’eau Loire-Bretagne passée à AScA en 2010, associée pour l’occasion à l’agence de conseil en communication Markedia. Les études de cas et les entretiens avec les élus et les techniciens porteurs de projets de restauration ont permis d’identifier les principales difficultés rencontrées sur le terrain et de proposer des pistes pour les surmonter : éléments de langage, messages et argumentaires, outils, modes de concertation et de communication. Dans le guide méthodologique Restauration des cours d’eau : communiquer pour se concerter issu de cette prestation, la communication est entendue comme permettant de dégager des espaces de concertation et de dialogue sur la rivière dans son territoire.

Pour faciliter l’adhésion des acteurs locaux, il est nécessaire de travailler sur deux registres, tout en maîtrisant la communication avec les relais médiatiques :

– celui du sensible, des représentations, des perceptions, des conceptions associées aux usages, d’une part,

– et celui de l’argumentation technique et de la démonstration du bien fondé du projet d’autre part.

Poursuivant cette lignée, AScA mène actuellement une étude comparative à l’échelle européenne des conditions sociales de mise en œuvre des projets de restauration des cours d’eau, pour le compte de l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques. L’Onema, conscient des difficultés de mise en œuvre concrète de ces mesures de restauration, s’est donné comme objectif de capitaliser les connaissances et expériences susceptibles de convaincre de l’intérêt de ces démarches et de lever les réticences.

En outre, l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée et Corse, désireuse de faire vivre son guide et de généraliser les projets de restauration hydromorphologique, a mis en place en 2011 un deuxième Groupe d’Accompagnement à la Restauration Physique (GARP 2) pour une durée de trois ans. L’ambition de ce groupe, toujours appuyé par AScA et ses partenaires techniques, est de permettre une sensibilisation massive autour des enjeux de l’hydromorphologie – aussi bien en interne à l’Agence (quels que soient les services ou niveaux hiérarchiques) qu’au sein des structures porteuses de projets (syndicats de rivières, structures de SAGE) – tout en continuant l’accompagnement de territoires.

Par les études qu’elle mène, AScA confirme son souhait de participer activement à ce mouvement de retrouvailles avec nos rivières, de réappropriation collective et sensitive des cours d’eau et de leurs zones humides.

Déborah Abhervé, AScA

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